🔴 Doit-on encore voyager avec son téléphone aux États-Unis ?
Peut-on encore voyager avec son téléphone ?
Depuis plusieurs semaines, les cas se multiplient dans les grands aéroports, notamment des green card qui se voient refuser l’entrée sur le territoire. Pas à cause de visa, mais à cause de leur téléphone.
Ces dernières semaines, la douane américaine (CBP) a refoulé plusieurs voyageurs après avoir fouillé leur téléphone à l’aéroport. Un médecin avec visa H-1B a été expulsé après la découverte de contenus supposés “sympathisants du Hezbollah”. Un scientifique français a été recalé pour des messages critiques envers l’administration Trump. Récemment, la Commission européenne a commencé à suggérer que ses employés devraient voyager avec des burners, une pratique réservée normalement à la Chine et la Russie.
Bien que les recherches sans mandat violent normalement le 4ᵉ amendement, une exception s’applique aux zones frontalières, y compris les aéroports.
Des pays comme l’Allemagne et le Danemark mettent en garde leurs touristes et pour cause, en Allemagne un cas a particulièrement choqué.
Fabian Schmidt, ingénieur installé dans le New Hampshire, rentre d’un voyage au Luxembourg. À son arrivée à l’aéroport Logan de Boston, il est arrêté, interrogé pendant plusieurs heures, puis transféré dans un centre de détention de l’U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE), le service fédéral en charge de l’immigration. Selon sa famille, il a été déshabillé, privé de nourriture et de médicaments, puis placé en isolement pour être hospitalisé suite à un malaise.
Sa carte verte était “flaguée”. Il n’avait pourtant ni condamnation récente ni contentieux judiciaire en cours. Seul élément mentionné : une ancienne infraction mineure pour possession de marijuana, classée depuis plusieurs années. Ce simple antécédent aurait suffi à justifier son interpellation et sa détention.
Ce cas n’est plus exceptionnel, il s’inscrit dans une nouvelle dynamique : l’exploitation des données personnelles à des fins de contrôle migratoire. En 2024, la Customs and Border Protection (CBP), agence fédérale en charge des douanes et de la protection des frontières, a procédé à plus de 47 000 fouilles de téléphones, ordinateurs et tablettes à la frontière. Officiellement, moins de 0,01 % des voyageurs sont concernés. En réalité, la logique est sélective. Ce n’est pas la loi qui décide, c’est l’interprétation d’un agent. Un message politique, une image, un historique de navigation : tout peut être retenu contre vous.
Alors que le Web 2.0 fête ses vingt ans, force est de constater que nous n’avons tiré ni les leçons politiques, ni les conséquences juridiques de cette révolution. Aucun cadre clair n’a été posé entre ce qui relève de notre intégrité numérique personnelle — notre mémoire, nos correspondances, nos archives — et ce qui relève des infrastructures partagées du cloud. Et surtout, nous n’avons pas eu la classe politique capable de comprendre que la protection de l’espace numérique personnel est la seule condition de la souveraineté individuelle et donc de la protection de notre vision du monde.
Alors que faire ?
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