🎬 Ciné-club : quelques petits chefs-d’œuvre oubliés des années 80

De la SF intelligente, comme on savait en faire dans les années 80.

🎬 Ciné-club : quelques petits chefs-d’œuvre oubliés des années 80

Bienvenue dans un nouveau ciné club!

Les années 80 ont été une décennie incroyable pour la science-fiction. Avec les avancées technologiques de l’époque, les films ont commencé à vraiment se distinguer visuellement. Honnêtement, certains tiennent encore visuellement très bien la route aujourd’hui, mieux que beaucoup de choses qu’on voit maintenant.

Ce qui est intéressant dans les années 80, c’est qu’il a une profondeur de scénarios et une inventivité visuelle très spéciale.

Même les plus kitsch étaient fun à regarder.

Évidemment, tout le monde connaît les classiques comme Blade Runner, Back to the Future, Aliens. Si vous êtes fan de SF et que vous voulez creuser un peu plus loin que les évidences que tout le monde a vues, cette liste devrait vous aider à dénicher quelques pépites.

Death Watch (1980)

Réal. Bertrand Tavernier Avec Romy Schneider, Harvey Keitel, Harry Dean Stanton

Avant The Truman Show ou Black Mirror, il y avait La Mort en direct.

Le film se déroule dans un futur où les maladies ont été quasiment éradiquées. Du coup, les producteurs télé imaginent la pire idée possible : diffuser la mort réelle d’une personne comme émission de divertissement.

Romy Schneider incarne Catherine, une femme en phase terminale, qui ne sait pas qu’elle est filmée. Harvey Keitel joue Roddy, un homme équipé de caméras implantées dans les yeux, chargé de capturer ses derniers instants sans qu’elle s’en doute. Plus elle dépérit, plus les audiences montent.

C’est un film profondément inconfortable — mais c’est justement là qu’il frappe juste. Ce n’est pas une simple critique de la téléréalité. C’est une attaque frontale contre le voyeurisme, contre la logique médiatique qui transforme la souffrance en marchandise.

À sa sortie, le film a eu un certain écho. Sélectionné à Berlin, nommé à plusieurs prix en France. Schneider y est bouleversante. Keitel est d’une sobriété glaciale. Et en prime, Harry Dean Stanton et Max von Sydow complètent le casting.

Dreamscape (1984)

Réal. Joseph Ruben Avec Dennis Quaid, Max von Sydow, Christopher Plummer

Avant Inception ne rende le dreamhopping populaire, il y avait Dreamscape

Dennis Quaid incarne Alex Gardner, un télépathe qui utilise ses capacités pour manipuler les gens à des fins personnelles, jusqu’à ce qu’un programme gouvernemental secret le recrute. Objectif : explorer les rêves des individus.

Au départ, l’expérience semble inoffensive. Puis une tentative d’assassinat du président survient à l’intérieur de son propre rêve. La situation bascule.

Dreamscape mélange science-fiction, fantastique et thriller politique. L’esthétique rappelle celle d’un film de genre des années 80, mais avec des idées plus ambitieuses qu’il n’y paraît. On y retrouve les angoisses typiques de la Guerre froide, les dérives du complexe militaro-scientifique, et une fascination pour l’inconscient comme nouveau champ de bataille.

Il faut dire que l’époque était truffée de films sur la télékinésie, la parapsychologie et le pouvoir des rêves.

Les séquences oniriques sont visuellement marquées, parfois excessives, mais efficaces. Joseph Ruben, qui réalisera ensuite The Stepfather et True Believer, tente ici un cinéma hybride. Et une nouvelle fois, Max von Sydow est au rendez-vous.

Iceman (1984)

Réal. Fred Schepisi Avec Timothy Hutton, John Lone, Lindsay Crouse

Un croisement entre science-fiction et anthropologie.
Des chercheurs découvrent dans les glaces un homme préhistorique parfaitement conservé. Ils le ramènent à la vie et le surnomment Charlie.

Très vite, deux camps s’opposent : ceux qui veulent l’étudier comme un cobaye, et ceux qui tentent d’entrer en contact avec lui. Le vrai miracle du film, c’est l’interprétation de John Lone : loin du cliché de l’homme des cavernes, il donne à Charlie une humanité bouleversante.


Pas d’action spectaculaire, pas de têtes d’affiche. Une mise en scène simple, mais une tension continue, une présence humaine forte, et un regard lucide sur les limites de la science. Un film discret, à redécouvrir.

Brainstorm (1983)

Réal. Douglas Trumbull Avec Christopher Walken, Natalie Wood, Louise Fletcher

Avant Strange Days, il y avait Brainstorm. Un film assez unique dans son genre.
Une équipe de chercheurs développe un dispositif capable d’enregistrer les expériences sensorielles et émotionnelles humaines, puis de les restituer à d’autres. L’invention fascine autant qu’elle inquiète : ressentir la douleur, la peur, le plaisir… comme si c’était le sien.

Christopher Walken incarne le Dr Michael Brace, scientifique brillant mais instable. Natalie Wood joue son épouse, en instance de divorce, rattrapée par le projet. Lorsque l’une des scientifiques de l’équipe enregistre sa propre mort, Brace décide d’utiliser l’enregistrement pour explorer ce qu’il y a de l’autre côté.

Brainstorm pose une question redoutable : que devient l’humain si ses expériences peuvent être transmises comme des données ? Le film bascule alors vers une métaphysique du souvenir, de la conscience, et de la mort.


Le décès accidentel de Natalie Wood durant le tournage a éclipsé la sortie du film et alimenté une série de théories, détournant l’attention de l’œuvre elle-même. Brainstorm est l’un des films les plus aboutis de son époque. Il anticipait déjà les expériences sur la pensée et l’IA, aujourd’hui menées dans le secret des laboratoires des grandes entreprises.


Son réalisateur, Douglas Trumbull, n’en était pas à son coup d’essai : on lui doit Silent Running (1972), mais surtout les effets spéciaux de 2001: A Space Odyssey, Close Encounters of the Third Kind et Blade Runner. Brainstorm sera hélas son dernier film.

Outland (1981)

Réal. Peter Hyams — Avec Sean Connery, Frances Sternhagen, Peter Boyle

Sur Io, lune volcanique de Jupiter, une colonie minière exploite sans relâche ses travailleurs sous la supervision d’une direction peu regardante. Un marshal fraîchement nommé découvre qu’un trafic de drogue synthétique pousse certains mineurs à des comportements suicidaires. Il décide d’affronter le système, seul.

Sean Connery, en contre-emploi sobre, incarne un homme déterminé mais usé. Pas de gadgets futuristes : Outland est un western déguisé, influencé par High Noon (Le train sifflera trois fois), transposé dans un environnement industriel et dépressif.

La mise en scène de Peter Hyams mise sur la lenteur, la tension progressive, et un décor oppressant. On y suit un homme isolé, lucide, confronté à un pouvoir opaque et violent. Frances Sternhagen apporte un contrepoint sec et intelligent en médecin cynique. Peter Boyle, en directeur de station corrompu, incarne le cynisme tranquille de la hiérarchie.

Certains spectateurs voient dans Outland une sorte de cousin d’Alien (Alien, le huitième passager). Même esthétique industrielle, mêmes combinaisons de travail, même représentation d’un futur où les corporations règnent en maîtres.

Le design visuel semble prolonger celui imaginé pour le Nostromo, et la société Con-Am fait étrangement écho à la sinistre Weyland-Yutani. À cette époque, la science-fiction s’éloigne des figures héroïques traditionnelles pour mettre en avant une autre classe de personnages : les techniciens, les policiers, les ouvriers — ceux qui subissent le futur plutôt que de le rêver.

L'ésthétique Cassette futurism

Outland n’a pas rencontré son public à sa sortie — trop lent pour les amateurs de space opera, trop minimaliste pour le grand public. Mais le film tient : direction artistique incroyable, tension maîtrisée, et une certaine amertume dans la manière de filmer l’espace.

The Quiet Earth (1985)

The Quiet Earth ending in poster form
Réal. Geoff Murphy Avec Bruno Lawrence, Alison Routledge

Après The Omega Man (1971), mais bien avant I Am Legend (2007), il y avait The Quiet Earth.
Zac Hobson travaillait sur Project Flashlight, une expérience scientifique destinée à créer un réseau énergétique mondial sans fil. Le jour de l’activation, quelque chose tourne mal. Zac se réveille seul sur Terre. Littéralement seul. Plus un humain. Plus un bruit. Juste lui.

Il erre dans un monde vidé de sa population, hanté par l’idée d’avoir déclenché la fin de l’humanité. Petit à petit, d’autres survivants apparaissent, mais le film ne tourne pas autour d’un groupe. La vraie tension vient d’ailleurs : que s’est-il passé exactement ? Et surtout, qu’a déclenché Project Flashlight ?

À l’époque où IMDb avait encore des forums, c’était l’une des pages les plus commentées : qui avait compris la fin ? Le roman dont il est adapté, signé Craig Harrison, était alors introuvable. Après 20 ans j'ai pu enfin en trouver une copie.

Geoff Murphy, son réalisateur, refera une autre merveille futuriste dont on parlera dans un prochain ciné-club.

The Lathe of Heaven (1980)

Réal. David Loxton et Fred Barzyk — Avec Bruce Davison, Kevin Conway

Une rare adaptation télévisée d’Ursula K. Le Guin, aujourd’hui oubliée.
George Orr a un pouvoir unique : ses rêves peuvent modifier la réalité. Son psychiatre, Dr. Haber, tente de canaliser ce don pour améliorer le monde. Mais chaque tentative provoque des distorsions imprévues, parfois terrifiantes : des espèces disparaissent, des villes changent de forme, des guerres surgissent sans logique. Peu à peu, George perd pied, incapable de savoir si le monde qu’il voit est réel, rêvé, ou manipulé par les désirs des autres.


Pas de grands effets visuels, un budget réduit, mais bourré d’idées. Le film aborde des thèmes complexes : libre arbitre, manipulation, utopie qui dérape. Une pépite de science-fiction introspective.

Le remake de 2002 avec James Caan et Lisa Bonnet, qui édulcore tout perd la complexité du récit original.

La version de 2002 n'est pas aussi bien.


Fait rare : le film a été diffusé à la télévision en 1980, puis totalement oublié. Sa redécouverte fut longtemps difficile — la VHS était introuvable, le DVD longtemps inédit.

📼
On le trouve enfin dans une version correcte (que je mettrais sur le whatsapp privé pour les abonnés payants)

The Hidden (1987)

Réal. Jack Sholder Avec Michael Nouri, Kyle MacLachlan

C’est l’un des films d’action SF les plus sous-estimés des années 80. Il démarre comme un polar classique : braquage, course-poursuite, fusillade. Puis tout bascule. Le criminel n’est pas humain. C’est un parasite extraterrestre qui passe de corps en corps.
Michael Nouri joue le flic. Kyle MacLachlan,l’acteur culte de Dune joue déjà un agent du FBI, mais il cache un secret. Sous les poursuites et les échanges de tirs, le film questionne l’identité : qu’est-ce qui fait de nous ce que nous sommes ?

Une affiche mémorable

Bien que tourné avec un budget modeste, le film ne paraît jamais cheap.Les cascades sont même hyper impressionantes pour l’épqoue, et le style 80’s nous saute aux yeux.
Un bijou oublié, intelligent qui se revoit facilement

Runaway / Runaway : L'Évadé du futur (1984)

Réal. Michael Crichton — Avec Tom Selleck, Gene Simmons, Cynthia Rhodes

Dans un futur proche, les robots sont omniprésents dans la vie quotidienne. Mais certains d'entre eux se mettent à tuer. Une unité spéciale de la police, dirigée par Jack Ramsay (Tom Selleck), traque ces machines défectueuses.


Dans le role du grand méchant Gene Simmons, le bassiste de Kiss, glaçant dans le rôle d’un ingénieur criminel qui pirate les robots pour commettre des meurtres. À ses côtés, des araignées-robots tueuses, des balles intelligentes et une vision paranoïaque de la technologie à venir.
Crichton, auteur de Jurassic Park, signe ici un thriller technologique sans temps mort, parfois kitsch qui a vu juste.

Pour rappel on est en 1984


Le film anticipe plusieurs technologies :

  • Drones armĂ©s utilisĂ©s pour la surveillance et les interventions
  • Automatisation des tâches domestiques et agricoles
  • RĂ©bellion de robots ouvriers (blue collar robot rebellion)
  • Conversations vocales avec des machines
  • Fin des mots de passe, remplacĂ©s par d’autres systèmes d’authentification
  • Écrans plats et tablettes
  • Sonnette vidĂ©o connectĂ©e (video doorbells)
  • Voitures autonomes
  • Robotique mĂ©dicale
  • Interaction police/mĂ©dias en temps rĂ©el
  • et les balles thermiques

Bon films!

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