Cette semaine dans la newsletter on parle d'IA et d'emploi.
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Une panique qui monte
Cette année, 15% des plus diplômés craignent désormais pour leur emploi.
Une panique sourde traverse en ce moment le marché du travail américain. La raison c'est évidemment l'usage de l'Intelligence artificielle dans l'entreprise.
Mais derrière ces chiffres se cache un mécanisme bien plus pernicieux dont nous avons encore du mal à réaliser l'ampleur. L'IA n'est pas en train de remplacer le travail. Elle expose ce qui n'a jamais été du travail : les niches d'improductivité que crée l'interaction humaine. Et certaines grandes organisations et certains sujets sont plus touchés que d'autres.
Une étude produite par Perplexity essaie de comprendre comment l'IA promet une chasse aux niches d'improductivité dans les entreprises, la nouvelle tendance du moment. Mais aussi comment personne n'en sortira vraiment indemne.
Ce que nous sommes en train de voir avec l'arrivée de l'IA c'est l'unbundling des tâches humaines. L'IA est en train de faire au travail ce que l'Internet a fait à la presse et à la musique et beaucoup d'autres secteurs.
Depuis l'avènement de l'Internet nous avons laissé se déstructurer le monde physique parce que c'était techniquement possible, et parfois économiquement rentable.

Les journaux vendent désormais des articles séparés. Les albums des morceaux à écouter ou acheter à l'unité depuis l'avènement de l'Apple Music Store et des fichiers MP3.
Comme je le rappelle dans mes conférences, une grande partie du modèle a été de 'depackager' puis repackager les expériences. Netflix s'était présenté comme une alternative au câble, mais désormais la somme des services en ligne de streaming, pris séparément coûtent plus cher que le prix d'une offre de câble aux États-Unis. Ces offres ne sont pas viables et c'est pourquoi Netflix lorgne sur le catalogue HBO (et une augmentation de prix)
Le monde de l'entreprise a connu aussi une disruption numérique, le passage à l'informatique personnelle, la business intelligence et désormais le cloud. Mais l'organisation interne du travail n'a pas changé fondamentalement : les processus internes, les validations, les circuits de décision sont restés en place.
Non pas parce qu'ils étaient bien conçus, mais parce que le logiciel classique informatique ne savait pas faire autrement.
Une grande partie de ce que l'on appelle des « workflows » n'a jamais été pensée comme un système. Ce sont des successions de personnes qui se passent l'information parce que les outils ne savaient ni lire un document, ni comprendre son contenu, ni décider quoi faire ensuite.
On envoyait un mail, puis un autre, puis on attendait une validation. Et on appelait cela un processus.
Ces logiques peuvent créer des complexités importantes. Par exemple dans les appels d'offres où un document technique traverse quatre départements sans raison structurelle ; dans la gestion des sinistres où une demande rebondit entre agents sans qu'aucun ne dispose du contexte complet ; dans la revue juridique où chaque ligne d'un contrat remet en question les lignes précédentes, les opérations clients où l'absence d'historique unifié force à redemander les mêmes informations.
Mais c'est en conformité que cette architecture montre ses fondations les plus fragiles.
Un dossier de conformité dans une banque ne suit pas un workflow. Il suit une procédure. La différence est cruciale : une procédure existe parce que la réglementation l'impose, mais aussi parce qu'il faut des humains pour transformer cette réglementation en décisions. Un auditeur lit un dossier, le contextualise avec des années d'expérience, détecte les anomalies qui ne figurent dans aucune checklist, et valide ou refuse selon un jugement qui ne peut pas être scripté.
Du moins, c'est ce qu'on a longtemps cru. Sauf que ce jugement repose sur une série d'étapes interconnectées : extraire les données pertinentes du dossier, les comparer aux normes applicables, identifier les écarts, consulter les précédents réglementaires, évaluer le risque résiduel, documenter la décision.
Chacune de ces étapes était fragmentée entre des rôles différents - analystes juniors, senior, risk officers, compliance managers - non parce que la spécialisation était nécessaire, mais parce qu'il fallait des humains pour passer l'information d'une étape à l'autre. La fragmentation créait les rôles. Les rôles justifiaient la fragmentation.
Les modèles de langage actuels peuvent lire un dossier en entier, garder le contexte d'une étape à l'autre, évaluer le risque directement dans le flux, et produire une documentation traçable.
Cela veut dire que de nombreux emplois liés à la conformité (DPO, Cybersécurité, compliance financière, …) sont en risque et à défaut de disparaître de voir leur prestige et leur valeur diminuer.
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