🟱 Imaginer une alternative à la Startup Nation (1ùre partie)

L’avenir de la Tech, ce ne sont pas les licornes, mais les PME technologiques.

🟱 Imaginer une alternative à la Startup Nation (1ùre partie)
Photo Op ou Operational excellence ?

L’avenir de la Tech : les PME technologiques

L’avenir de la Tech, ce ne sont pas les licornes, mais les PME technologiques.

Il est grand temps de rĂ©flĂ©chir Ă  l’aprĂšs Startup Nation pour construire quelque chose de pĂ©renne, socialement acceptable et capable d’amplifier la valeur Ă©conomique dans un secteur oĂč la France devrait ĂȘtre leader : la Tech.

Retour d’expĂ©rience : La gĂ©nĂ©ration Web 2.0

J’ai fait partie de la gĂ©nĂ©ration d’entrepreneurs du Web 2.0 du milieu des annĂ©es 2000 qui a essuyĂ© les plĂątres en France.

Avec Netvibes, nous avons fait l’inverse de ce qui se faisait. Des investisseurs Ă©trangers (dont Marc Andreessen) pour un projet international avec une Ă©quipe choisie pour ses compĂ©tences produit ou design, pas ses diplĂŽmes.

Notre playbook, qui consistait à garder la R&D en France et à ouvrir une antenne dans la Silicon Valley, a été repris depuis par de nombreuses startups.

Avec Netvibes et Jolicloud, nous nous sommes retrouvĂ©s Ă  deux reprises en compĂ©tition avec Google. (Mistral se retrouve dans une position similaire 15 ans plus tard). Mais nous n’avions reçu aucune aide ni soutien du gouvernement.

Une mission pour aider les générations suivantes

C’est pour que la gĂ©nĂ©ration suivante ne se retrouve pas dans la mĂȘme situation que j’ai acceptĂ© une mission du gouvernement de François Hollande pour soutenir l’innovation en France.

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J'avais également suggéré la création d'un eg8 avec Sarkozy. Ma vision de la Tech est transpartisane.

Lors de cette mission confiĂ©e par le Premier ministre et Fleur Pellerin sur ce qui ne s’appelait pas encore la French Tech, je propose de mettre le paquet sur les dĂ©veloppeurs et la crĂ©ation de logiciels. On est au tout dĂ©but du Cloud et du SaaS.

Une des choses que j’ai comprises en lançant Netvibes, c’est que le talent informatique est partout en France, pas seulement dans les grandes Ă©coles prestigieuses.

Mais pour que l’on puisse se battre Ă  armes Ă©gales dans la compĂ©tition mondiale, je me suis aussi investi pour le visa talent qui permette aux entrepreneurs de recruter la meilleure Ă©quipe possible.

Les limites de la Startup Nation

Le petit groupe d’énarques qui lance coup sur coup la French Tech, la BPI et la Startup Nation (terme empruntĂ© aux IsraĂ©liens) va adopter une approche diffĂ©rente et plutĂŽt Ă©litiste.

Avec le bilan mitigĂ© que l’on connaĂźt aujourd’hui.

Le principal succÚs sera la multiplication de projets de startups en France. Mais essentiellement chez les acteurs les plus privilégiés et surtout à Paris. La banlieue, la ruralité et la péri-urbanité en sont écartées.

Beaucoup d’argent public va ĂȘtre mobilisĂ© dans le numĂ©rique (on parle de 30 milliards), mais sur des projets semi-technologiques et en renforcement des tropismes classiques de la tech française : l’e-commerce, les places de marchĂ© et les produits de livraison rapide.

La principale innovation de cette sĂ©quence technologique, c’est d’avoir profitĂ© d’un droit du travail flexible pour ubĂ©riser les banlieues pour faire grandir rapidement certaines startups en licorne. Mais souvent au prix d’une faible valeur technologique inhĂ©rente.

Heureusement il y a aussi des projets technologiques dans le SaaS, les applications, le cloud, la cybersĂ©curitĂ© et la crypto capables de rivaliser Ă  l’international.

Le rendez-vous ratĂ© de la Startup Nation, c’est que les projets trĂšs techniques et complexes, c’est-Ă -dire ceux qui sont potentiellement les plus crĂ©ateurs de valeur, ne sont pas compris par le politique et boudĂ©s par les investisseurs français.

La France passe Ă  cĂŽtĂ© du Cloud, du edge et des outils de la souverainetĂ© faute d’investissements massifs. (ConsĂ©quence : nous importons 20 milliards de Tech l’annĂ©e derniĂšre)

Les effets injustes sur la société française

La startup nation change aussi la France.

Pendant que les prĂ©tendants Ă  la licornisation ubĂ©risent les banlieues et Ă©merveillent les CSP+ des grandes villes, les gĂ©ants de l’e-commerce et des rĂ©seaux sociaux dominent les zones pĂ©riurbaines, les vĂ©ritables mal logĂ©s du numĂ©rique.

La tech pure, le code, n’a pas trop la cote, sauf dans l’intelligence artificielle qui est perçue Ă  tort comme une discipline de cols blancs surdiplĂŽmĂ©s.

Alors qu’on sait que des bons profils en informatique (cols bleus) sont aussi capables de monter des boütes d’IA. Il suffit de regarder le profil de Jonathan Ross ou Sam Altman aux US.

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J’avais suggĂ©rĂ© Ă  l’époque au management de la BPI que 20 % des budgets aillent Ă  des projets non traditionnels et pas financĂ©s par les VC français en misant sur des profils diffĂ©rents. Mais je n’ai pas Ă©tĂ© entendu.

L’heure du bilan 

Nous avons désormais 10 ans de visibilité sur la stratégie French Tech et une chose est déjà sûre : le modÚle des licornes ne peut plus marcher en France pour trois raisons :

1. Les licornes françaises : un modÚle fragile

Une partie des « licornes » en France sont des entreprises sur une niche Ă©conomique, une rente ou un service que l’État ne sait plus fournir (ex : rendez-vous mĂ©dicaux pendant la covid). Souvent franco-françaises avec quelques positions en Europe, elles sont rarement rentables. Elles survivent grĂące Ă  la volontĂ© politique.

Avec le recul, si on les avait financĂ©es comme des grosses PME, elles auraient pu croĂźtre avec les outils classiques du private equity. Elles subissent une pression intenable pour justifier leur valorisation dans un environnement Ă©conomique dĂ©gradĂ©. Cela ne doit pas ĂȘtre facile.

2. Les entreprises de pointe un destin international inéluctable

Les entreprises de pointe et de technologies Ă  forte croissance (les vraies licornes) sont vouĂ©es Ă  devenir amĂ©ricaines ou cotĂ©es aux États-Unis. C’est comme cela. Ce sera certainement le destin de sociĂ©tĂ©s comme Mistral dont la sortie est aux US au NASDAQ.

Une licorne est une entreprise avec un potentiel trĂšs rare Ă  trouver , comme l’animal mythique. La France peut en produire quelques-unes. Mais ça ne doit pas rĂ©duire la politique numĂ©rique qu’à cela.

3. Les PME technologiques : le ciment de la souveraineté numérique

Les PME technologiques, qui sont le ciment de la souverainetĂ© numĂ©rique de l’Europe, sont les seules sur le long terme capables de gĂ©nĂ©rer de la valeur Ă©conomique en vendant dans le monde entier. À condition de les considĂ©rer avec toute l’attention qu’elles mĂ©ritent.

Les sociĂ©tĂ©s de logiciels libres, de services de cloud et de cybersĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© les grandes oubliĂ©es du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, mĂȘme si Bercy essaye depuis peu de rectifier le tir, soyons honnĂȘtes.

L’avenir de la Tech, ce ne sont pas les licornes, mais les PME technologiques.

Solidarité entre secteurs et soutien à l'innovation

Mais pour que cela marche, il faut une vĂ©ritable solidaritĂ© des entreprises des autres secteurs d’activitĂ©. Les aides d’État et la commande publique ne suffisent pas Ă  soutenir ces entreprises qui ont besoin de clients locaux pour s’aiguiser Ă  la compĂ©tition internationale.

Il faut que les entreprises des autres secteurs d’export (luxe, agriculture, automobile, aĂ©ronautique,
) jouent le jeu et achĂštent Ă  ces PME technologiques.

Car lorsqu’on tente de rĂ©guler les GAFAM (ce que Bruno Le Maire a essayĂ©), les États-Unis rĂ©pliquent immĂ©diatement en menaçant d’une taxation des vins et de l’agriculture, etc.

La décision est rarement tranchée en faveur du numérique, mais au nom de quoi faudrait-il sacrifier la Tech au profit des industries traditionnelles ?

Ça doit ĂȘtre le rĂŽle de l’État que de crĂ©er les conditions pour que les industries traditionnelles (agriculture, automobile, luxe, dĂ©fense, 
) soutiennent la tech europĂ©enne pour lui permettre d’atteindre la vitesse d’orbite qu’elle mĂ©rite.

L'État doit aussi montrer l'exemple en achetant du logiciel amĂ©liorable par la commande publique.

C’est tout Ă  fait Ă  la portĂ©e de la France qui a Ă©tĂ© largement impliquĂ©e dans les deux technologies les plus importantes de l’Internet : le web et Linux. Avec la nouvelle Ăšre post-mobile qui dĂ©marre, nous avons toutes nos chances.

Mais pour cela il faut retirer la disquette « startup nation », se retrousser les manches pour crĂ©er une nation qui s’appuie sur un terroir de PME technologiques avec des produits de pointe et capables d’exporter dans le monde entier.

Conclusion : Un avenir ancrĂ© dans un terroir technologique aux parts de marchĂ© internationales 

Un avenir plus ancrĂ© dans le local, dans l’expertise de haut niveau, dans l’exportation d’une vision humaniste et apaisĂ©e du numĂ©rique, que le reste du monde saura aussi apprĂ©cier.

PS : Avec en bonus la possibilité de réduire notre déficit du commerce extérieur.

À mĂ©diter.


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